Elisende Coladan - Thérapeute féministe et Praticienne en sexothérapie  
Violences machistes (psychologiques, physiques et sexuelles)
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FOTOGRAFIABASICA VIA GETTY IMAGES
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La thérapie féministe 

 

Je vois un parallélisme entre ce qui arrive dans le mouvement féministe et ce que je fais en tant que thérapeute féministe. Les femmes, dans le mouvement, avaient l’habitude de se définir elles-mêmes en fonction de leurs relations avec les autres personnes … Ces femmes s’orientent aujourd’hui vers une définition d’elles-mêmes en tant qu’individus … en qualité de thérapeute féministe, je pense qu’une femme devrait être définie pour elle-même et par elle-même et non par la personne à laquelle elle est liée sexuellement. Si une femme se définit elle-même uniquement en termes de ses relations, elle vit comme un prisonnier, dans la crainte perpétuelle d’être abandonnée. MUNDY, Jean « Feminist thérapy with lesbians and other women », 1974.[1]

 

En 2016, lorsque j’ai vu passer une annonce pour une formation en thérapie féministe à Barcelone, j’ai très rapidement pris la décision de la suivre.

 

En France, pendant ma formation en sexothérapie, très psychanalytique, j’avais été quasiment la seule à réagir, à de nombreuses reprises, à des propos sexistes et je m’étais insurgée contre l’invisibilisation d’autres formes relationnelles et d’autres sexualités hors de la norme du couple hétérosexuel. A cette époque-là, je m’étais tournée, via les réseaux sociaux, vers des sexothérapeutes espagnoles et féministes. Elles m’avaient aidée et soutenue, ce qui m’avait permis de constater que de l'autre côté des Pyrénées, des thérapeutes avaient une autre vision.

 

Quand j’ai commencé à recevoir des femmes en consultations, j’ai pris très rapidement conscience de l’ampleur des violences vécues et d'un manque quant à comment les accompagner. Beaucoup avaient déjà des années de thérapie derrière elles. Intuitivement, j’ai toujours cru en leur souffrance, compris la gravité des faits et leur impact sur leur psyché, j’ai été à leur écoute, en me plaçant dans une position le plus sorore et égalitaire possible. Je me suis beaucoup renseignée sur la mémoire traumatique et le stress post-traumatique. Cependant, je ressentais toujours un manque, que la formation que j’ai suivie en 2017 et 2018 à Barcelone m’a permis de couvrir en grande partie. Pendant le deuxième semestre 2020, je suis une formation on-line en "trauma et dissociation, à partir d'une perspective féministe", avec un institut de psychothérapie de Madrid. 

 

En mai 2019, est paru dans « Chronique féministe[2] » de l’Université des Femmes de Bruxelles, un article que j’ai écrit où j’explique l’expérience que j’ai vécue pendant cette formation. Cet article faisant suite à une présentation que j’avais faite en octobre 2018 à Bruxelles. D'une certaine manière, il marque une étape. 

 

Pourquoi une formation à Barcelone ? Si vous tapez sur Google, psychothérapeute féministe en français, vous allez trouver deux/trois noms, dont le mien, ainsi que quelques rares articles. Si vous répétez l’expérience en écrivant "psicoterapeuta feminista", en espagnol, vous allez avoir plusieurs noms, plusieurs formations, des vidéos, des articles, … En Espagne et dans plusieurs pays d’Amérique Latine, l’existence de thérapies féministes ne surprend plus et les femmes se tournent de plus en plus vers des professionnelles qui disent ouvertement être féministes.

Avant de présenter en quoi a consisté la formation que j’ai suivie, il me semble important d’expliquer comment naît cette approche thérapeutique, sur quoi elle repose et pourquoi elle est pratiquement absente en France.

 

Origines de la thérapie féministe :

 

La thérapie féministe apparaît dans les années 70, aux Etats-Unis, au Canada et en Europe. Un article[3], signé Janine Corbeil, publié au Québec, datant de 1979, présente cette émergence, tout en en expliquant le contexte social et académique. Selon l’autrice, la thérapie féministe surgit du mouvement féministe radical. Elle critique la thérapie traditionnelle considérée comme sexiste, où la figure du.de la thérapeute est présentée comme celle d’une experte et pour qui les problèmes sont d’ordre personnel et non pas social.

 

La thérapie féministe y est ainsi définie : « toute thérapie qui s'exerce en considérant les femmes à partir d'elles-mêmes, comme sujets et non plus comme objets ou compléments de l'homme. Les grilles d'analyse ne sont plus désormais soi-disant physiologiques mais sociales et politiques autant qu'intrapsychiques.

Une théorie psychologique féministe serait une théorie où un ensemble de concepts psychosociaux partent de l'expérience vécue de la femme pour expliquer son développement, ses caractéristiques et ses difficultés. » [4]

 

Elle propose aux femmes de se réunir entre elles, en non-mixité. Certaines psychothérapeutes, à l'époque, décident même d'arrêter les thérapies individuelles, pour ne faire que du groupe. La thérapie féministe n'est pas un courant ou une école thérapeutique (comme la Gestalt par exemple) mais une approche thérapeutique qui s'exerce en considérant les femmes à partir d'elles-mêmes, comme sujet avec des grilles d'analyse qui ne sont pas que psychologiques mais aussi sociales et politiques.

 

En France, l’idée de thérapie féministe, à ma connaissance, n’est jamais réellement envisagée. Dans les années 70, Antoinette Foulque (fondatrice des Editions des Femmes), créé le groupe « Psy et Po » (psychanalyse et politique), comme le nom l’indique, d’obédience psychanalytique. Par ailleurs, elle n'est pas toujours considérée comme vraiment féministe ou bien alors d’un féminisme, «essentialiste», qui se base sur une «essence» des femmes. C’est-à-dire des valeurs proprement féminines, fondées sur le fait de pouvoir donner la vie. Nous sommes bien loin de ce que je viens de présenter au sujet de la thérapie féministe aux Etats-Unis ou au Québec qui ne me semble pas avoir existé en France.  

 

Puis, pendant pratiquement 30 ans, l’idée et la pratique de la thérapie féministe disparaissent un peu partout. Il faut attendre la fin des années 90 et surtout le début des années 2010 pour qu’en Amérique Latine et en Espagne, des féministes se réunissent, parlent des violences vécues. En 2015, né le mouvement "ni una menos" Des ateliers, des groupes de parole s’organisent, autour de thèmes comme les violences machistes, l’amour romantique, la sexualité, … En parallèle, des thérapeutes se regroupent, échangent des idées et chacune avec sa propre approche thérapeutique commence à s’intéresser aux aspects du féminisme qui peuvent aider les femmes en souffrance, lors d’un travail thérapeutique. Ce mouvement féministe tend à s’accélérer et à s’étendre depuis environ 5 ans aussi bien dans les pays latino-américains que dans la péninsule Ibérique. Il commence à toucher la France, notamment depuis 2017, suite à #metoo. 

 

Ma formation en thérapie féministe à Barcelone :

 

Exerçant, depuis 2014, comme praticienne en sexothérapie, j’ai vite ressenti le besoin de pouvoir intégrer la perspective féministe dans ma pratique. En effet, recevant principalement des femmes en consultation, j’ai compris que, derrière la très grande majorité des « troubles sexuels ou problèmes relationnels », il y avait un contexte sociétal, des oppressions, des mécanismes patriarcaux qui ne m'étaient pas inconnus et que nombre d’entre elles, voire toutes, avaient vécu des maltraitances, des abus et des violences. Ma formation en sexothérapie, avec une orientation clairement psychanalytique, comme je l’ai mentionné au début, n’avait que très peu abordé le sujet des violences sexuelles, ainsi que leur impact sur la vie des personnes les ayant subis. Elle n'avait fait que les signaler comme une sorte de "fatalité" et inscrit dessus un discours psychanalytique. J’avais un réel besoin de déconstruire et de m’interroger sur les idées reçues pendant cette formation, afin de pouvoir envisager différemment ma pratique thérapeutique.

 

La formation suivie est organisée et animée chaque année dans plusieurs villes espagnoles, par des psychothérapeutes faisant partie d’un réseau de thérapeutes espagnoles [5], provenant de différents courants, qui travaillent à partir des théories féministes. Elles envisagent la thérapie féministe comme un processus qui est constamment en cours d’élaboration et de réélaboration.

 

Construite sur une alternance de théorie et de pratique. la partie théorique m'a permis de découvrir des autrices et des thérapeutes dont je n'avais pas entendu parler, elle a intégré l'histoire de la thérapie féministe dans l'histoire du féminisme et m'a donné un grand nombre de pistes, notamment bibliographiques. Mais c’est la partie pratique qui m’a le plus apporté[6], à la fois en tant que femme que comme thérapeute. Elle m’a permis de revisiter des zones de ma propre histoire qui n’avaient pas été abordées pendant mes années de thérapie personnelle ou qui l’avaient été à partir d’une toute autre perspective. Ce travail d’analyse de mon propre vécu de femme, à travers de nombreux exercices et le partage en groupe - où les formatrices n'ont pas hésité à parler de leur propre expérience - , m’a paru essentiel, pour pouvoir ensuite accompagner des femmes à partir d’une perspective féministe. Tout comme il est important que les valeurs féministes fassent partie de ma vie personnelle aussi bien que professionnelle.

 

Pour conclure, je reprendrai les mots de Susan Sturdivant[7], dans le chapitre « le rôle de la thérapeute », dans son livre « Les femmes et la psychothérapie » :

 

« Pour la thérapeute féministe, sa cliente est fondamentalement une personne compétente et la meilleure des spécialistes au sujet d’elle-même … Ainsi, l’attitude de la thérapeute consiste à voir dans ses clientes des personnes qui connaissent des problèmes dans leur vie mais qui, si elles sont aidées, peuvent les surmonter et prendre en charge leur propre existence. »

 



[1] Citée dans STURDIVANT, Susan « Les femmes et la psychothérapie », 1980.

[2] http://www.universitedesfemmes.be/se-documenter/revue-chronique-feministe/product/220-feministes-et-citoyennes?fbclid=IwAR0GM-pksiEoZkImMqkCRM0r93N8YCOef_RzvE1YvnY5Qc9vFApDML_UlTE

[3] https://www.erudit.org/fr/revues/smq/1979-v4-n2-smq1222/030057ar/

[4] Ibidem p. 70.

[5] http://psicoterapiafeminista.org/

[6] Formation qui se continue, à travers des lectures, grâce à l’abondante bibliographie fournie et la participation à des colloques/congrès. 

[7] STURDIVANT, Susan, « Les femmes et la psychothérapie », Pierre Mardaga ed. Bruxelles, 1983

Elisende COLADAN

Thérapeute féministe et Praticienne en sexothérapie

Céret (66)

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